Je suis montée à l’étage avec une mission.
Une idée claire.
Un objectif.
Un but.
Et arrivée en haut : le néant.
La raison de ma montée s’est évaporée entre la 3e marche et le palier.
Je suis restée là, droite comme un poteau, le regard dans le vide, à me demander :
“Qu’est-ce que je suis venue faire ici, déjà ?”
J’ai tourné dans la chambre.
Ouvert un tiroir au hasard.
Regardé une plante.
Pris un pull (par défaut, ça sert toujours).
Et je suis redescendue.
Toujours sans savoir.
Toujours perplexe.
Avec la vague sensation d’avoir raté un épisode de ma propre vie.
Cinq minutes plus tard, évidemment, j’ai su.
C’était le chargeur.
Toujours le chargeur.
Et me revoilà à refaire l’ascension de l’oubli.
Ce phénomène a un nom (non scientifique) :
La montée de l’amnésie.
C’est ce moment où ton cerveau, plein de tout, oublie ce qu’il était en train de faire,
juste parce qu’il est déjà en train de gérer :
– ta to-do pro
– ton repas du soir
– ta phrase mal interprétée de ce matin
– et la météo de jeudi prochain (on ne sait jamais)
Tu n’es pas distraite.
Tu es surchargée.
Tu es multitâchée.
Tu es en surcharge cognitive chronique, mais version sympa.
Et parfois, tu oublies ce que tu fais…parce que tu penses à tout ce que tu pourrais être en train de faire à la place.
Ce que tu peux faire ?
Rien.
Ou alors, rire.
Et peut-être écrire sur un petit papier :
“Je monte chercher le chargeur.”
Et te l’attacher au poignet avec un élastique.
(Sinon, vive les allers-retours.)
Parce qu’au fond, tu gères déjà mille choses invisibles.
Alors si tu oublies pourquoi tu es montée…c’est peut-être simplement parce que ton cerveau, lui,garde tout en mémoire sauf l’essentiel du moment.
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