Ce matin-là, j’étais motivée.
Je me suis dit : “Je vais poser les choses, mettre de l’ordre, retrouver un peu de clarté.”
Et comme toute femme raisonnable avec un soupçon de contrôle doux,j’ai pris un joli carnet et j’ai écrit ces trois mots :
To-do list.
Très vite, la page s’est remplie.
Courses, rendez-vous, papiers à trier, mails à répondre, lessives, idées à noter, une case pour “penser à moi” (entre deux tâches), et, soyons honnêtes, une ou deux lignes que j’ai ajoutées uniquement pour le plaisir de pouvoir les cocher tout de suite.
Je relis.
Et là… ça me regarde.
La liste.
Pas méchamment. Mais un peu sévèrement quand même.
Comme si elle murmurait :
“Tu crois vraiment que tu vas faire tout ça aujourd’hui ?”
Et c’est là que tout bascule.
Je ne dirige plus la liste.
C’est elle qui commence à me gouverner.
Elle me rappelle ce que je n’ai pas encore fait.
Elle me donne l’impression d’être déjà en retard.
Elle transforme mes intentions en mini injonctions.
Et moi, je regarde ce petit papier…avec un mélange de respect, de fatigue anticipée, et d’envie de le cacher sous un coussin.
J’ai voulu clarifier.
J’ai créé une pression.
Une charge mentale joliment alignée à la main.
Alors j’ai changé de méthode.
J’ai gardé la liste, oui.
Mais j’ai ajouté une nouvelle colonne :
“Et si ce n’est pas fait… est-ce que c’est si grave ?”
Et devine quoi ?
Une bonne moitié n’a pas survécu à la question.
Aujourd’hui, mes to-do sont plus souples.
Je les appelle parfois “à peu près” list.
Et je les écris comme on écrit une lettre bienveillante,
pas comme un bulletin de performance.
Car ce que je fais chaque jour est important, oui.
Mais comment je me traite pendant que je le fais l’est encore plus.
Alors si ta to-do list te regarde de travers,
rappelle-lui gentiment que tu es une femme, pas un robot.
Et que certaines cases peuvent attendre.
Toi, non.
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